S’effeuiller chaque jour d’une couche supplémentaire de programmation rapproche certes de soi, mais éloigne souvent des autres… ces autres, qu’ils soient membres de la famille, amis, collègues, connaissances ou parfaits inconnus ; tous embourbés dans leurs schémas répétitifs, pétris de certitudes, englués dans leurs croyances, dégagent une espèce d’onde répulsive presque tactile qui me fait me sentir étrangère à eux, étrangère à leur monde…
Des décennies que je suis, moyennant mon véhicule de matière et grâce ou à cause de mon personnage sur « terre » ; je crois bien que j’ai fait le tour au complet de ce lieu étrange et plombé.
La terre ! Y serais-je venue sans cette promesse de recoller mes morceaux et retourner grandie à la maison ? Je crois que je ne mesurais nullement l’ampleur de la perdition en ce lieu si reculé, si illusoire pour avoir fait ce choix.
Je finis par ne me sentir ni bien ni mal ; je fais avec, je ne compte plus ni les jours, ni les années qui s’écoulent, je ne suis dans l’attente de rien. D’humeur égale, plus rien ne me surprend, plus rien ne me scandalise, plus rien ne suscite ni ma joie ni ma peine ; le monde extérieur, ses paillettes ou ses drames de quelques ordres qu’ils soient, n’a plus le moindre impact sur moi… Suis-je morte au monde ou est-ce le monde qui est mort à moi ? Ce petit moi, désormais personnage sans le moindre intérêt qui pourtant continue à faire, à agir, à se mêler à la foule, à se fatiguer pour mieux s’oublier, à dissoudre ses contours pour disparaître dans ce tout indéfinissable car si peu homogène, et plus conflictuel que fluide.
Je ne sais quel langage je parle, je tente simplement de coucher des mots si dérisoires, si inutiles comparés à la vastitude de mon être, sur un écran froid. Les mots m’ont tellement manquée, comme me manque ma moitié d’âme que je suis venue récupérer.
Combien de temps va encore durer ce voyage sur cette terre de désolation, de prédation, de perdition et d’oubli ? Le temps de pouvoir reposer ma tête sur mon cœur pour accomplir l’histoire qui mènera à l’éternité de soi, en soi, chez soi.
Avec l’espoir qu’il n’y en a plus pour longtemps…
FATEN
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Commentaires 3
Bonjour grand merci je ressens exactement mot pour mot votre ecrit je me sens moins seul d un coup
J'adore ton article, Merci...
Bonjour,
Sur les 4 qualificatifs que vous attribuez à la terre ( terre de...): Désolation - Prédation - Perdition - Oubli - et qui sont bien réels ! 3 peuvent être pour partie de notre fait. Nous sommes un peu co-responsables, nous les humains en "villégiature" plus ou moins contrainte sur Gaïa. Le seul qualificatif sur lequel nous n'avons que peu d'emprise - sauf de manière personnelle en respectant tout simplement la vie - c'est la Prédation, comme moyen de vie et de survie - uniformément répandue sur cette terre - qui pose vraiment question.
Alors nous slalomons entre des contraires et des oppositions, essayant toujours de trouver le bon axe de recherche ...dans le Silence ...
Essai:
ALTERNANCE...
Au-dehors, le tumulte et la fureur soulèvent
La poussière des hordes de la discorde.
Au-dedans...le Silence vivifiant s'élance
Vers une Paix qui semble encore inaccessible.
Au-dehors, l'éphémère se dispute au fugace,
Le factice à l'irréel,
Dans la précaire apparence de l'impermanence.
Au-dedans...à la découverte de l'Ultime réalité,
Parfois, mon Âme côtoie la Présence...
Alors, les mots se recroquevillent et s'étiolent,
Les paroles se dissolvent dans l'azur,
Et les silences se rassemblent et s'unissent
Dans l'Unique Silence.
La Voie est si escarpée, mais la vue promet d'être si belle,
Chaque nouvel horizon semble apporter en gage,
Les senteurs et les parfums de l'Origine.
Au-dehors, les sens s'entrechoquent dans une véritable
cacophonie sémantique.
Au-dedans...la fusion des dernières scories laisse percevoir
L'Ultime Aspiration qui ne demande qu'à croître
Vers sa Source.
Quand pourras-tu t'y désaltérer mon Âme ?
Patje Seko
Chemin de l'Oratoire