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Renaissance de l'antique religion - entretien

Renaissance de l'antique religion - entretien

Sveinbjörn Beinteinnsson

Fils du fermier Beinteinn Einarsson de Litlabotni-sur-Hvaljarðarströnd et Helga Pétursdóttir de Drághals dans le Svindal, il est né le 4 avril 1924. Il est mort le 24 déc. 1993, d’un arrêt cardiaque. En 1972 il a fondé le Ásatrúarfélag, l’organisation islandaise païenne (‘heathen’) dont il a été le chef goði jusqu’à sa mort. Depuis 1991, Sveinbjörn vivait sur ses terres de Drághals dans le Berg-massiv Skardheiði (à peu près à 100 km au nord de Reykjavik), là où s’élève une statue de Þórr de 2 mètres.

 

Entrevue avec Sveinbjörn Beinteinsson conduite par Gisela Graichen en 1986 et extraite de son livre Die Neuen Hexen.

S.B. : Ici, en Islande, le paganisme est une chose complètement normale. Je suis plus effrayé de fumer que d’être un païen. Ma religion a été officiellement reconnue par le gouvernement en mai 73.

G.G. : Vous en avez été le fondateur.

S.B. : Oui, déjà enfant je m’intéressais aux Dieux anciens. J’ai attrapé la sagesse des sagas, des Eddas et des vieilles histoires. Dès que j’ai su lire, j’ai dévoré les sagas et pour mes 16 ans j’ai publié mes premiers poèmes parlant des Dieux.

G.G. : Quelle est votre occupation présente ?

S.B. : Fermier, auteur, poète. Mes ancêtres ont toujours été fermiers.

G.G. : Vous vivez ici seul sur vos terres. Vous ne vous sentez pas un peu seul ?

S.B. : Oh non. Mon voisin le plus proche est à 5 km d’ici et, en plus, je suis complètement entouré d’êtres, les Esprits de la terre – le huldufólk [le peuple caché].

G.G. : Et que se passe-t-il quand vous êtes malade ?

S.B. : Je vais dans la Nature et je recueille des herbes pour me guérir seul.

G.G. : Qu’écrivez-vous ?

S.B. : Des œuvres sur l’histoire de l’Islande, des chants, des poèmes. J’ai aussi fait un ouvrage académique sur la structure de la vieille poésie islandaise.

G.G. : Etes-vous baptisé ?

S.B. : Baptisé, confirmé et tout. J’ai toujours eu des liens étroits avec la christianité au moins telle qu’on la pratique ici en Islande.

G.G. : Etes-vous encore un membre de l’Eglise ?

S.B. : Non, avant qu’on puisse nous rejoindre, il faut quitter l’Eglise d’état.

G.G. : Quand avez-vous eu cette idée de démarrer un mouvement à partir de vos croyances dans les Dieux anciens ?

S.B. : Pendant l’hiver 71-72. A cette époque, il venait en Islande des sectes chrétiennes comme les ‘Enfants de Jésus’ et je me suis dit : Attends une seconde, nous avons des croyances plus anciennes en Islande. Pourquoi ne pas les ressusciter ? Pourquoi importons-nous toutes ces nouvelles sectes ? J’ai réuni un groupe de gens (nous étions 12 à l’époque) et cela a vite augmenté. Cette idée nous paru vite très bonne.

G.G. : Etait-ce une action consciente d’opposition à l’arrivée de ces sectes ?

S.B. : Oui, une opposition directe. Nous désirions donner aux gens une chance d’appartenir à la religion ancienne. Cette religion était ici en Islande avant le christianisme, et elle nous a été interdite en l’an 1000, l’année où l’Islande fut christianisée.

G.G. : Est-ce que la vieille religion a toujours survécu juste sous la surface des choses ?

S.B. : Absolument ! Elle est restée vivante et bien vivante toutes ces années.

G.G. : Pourquoi a-t-elle été pratiquée en cachette pendant 970 années et vient-elle au grand jour seulement maintenant ?

S.B. : Parce que c’était illégal. La vieille religion était pratiquée en secret par crainte de l’Eglise, la force principale du pays. L’Islande a été catholique jusqu’en 1550. Vint alors la réforme et l’Eglise Evangélique devint Eglise d’état. Ce n’est pas avant 1874 que nous avons obtenu la liberté du choix religieux, et alors on pouvait quitter l’Eglise. Après ça, nous avons eu besoin d’un peu de temps pour que l’air se purifie avant de commencer notre mouvement.

G.G. : Vous dites que la vieille religion s’est poursuivie pendant 1000 ans, sous quelles formes ?

S.B. : Les gens de la campagne ont toujours cru dans la Nature, l’expérience naturelle, et dans les Etres qui vivent dans la Nature comme les elfes, les gnomes, et des Etres de nature positive qui vivent près des gens et qui les aident. Il est aussi possible qu’ils soient des morts [les âmes des morts]. Personne ne sait où vivent ces créatures, mais certains en sont toujours entourés.

G.G. : Pas tout le monde ?

S.B. : Non, pas tout le monde.

G.G. : Pourquoi ces Etres cherchent-ils la compagnie de ceux qu’ils suivent ?

S.B. : Personne ne sait pourquoi cela arrive seulement à certaines personnes. C’est une sorte de chance, quand même, quand on reçoit ce genre d’aide. Ça n’a cependant rien à voir avec les choses saintes de l’Eglise.

G.G. : Y a-t-il des esprits ou des fantômes sur votre propriété ?

S.B. : Je ne les ai jamais vus, mais je peux les sentir.

G.G. : Comment vous appelez vous vous-mêmes ? Païens ? [Heiden]

S.B. : Nous appelons notre religion Ásatrú, la foi dans les Ases,  dans les vieux Dieux norrois. Nous ne voulons pas nous appeler seulement païens parce qu’il y a tant de types de paganismes différents. ‘Païen’ est le terme général pour eux.

G.G. : Comment avez-vous obtenu une reconnaissance officielle, légale, de votre religion ?

S.B. : Nous n’avons pas eu à manifester ni à faire une révolution. Nous avons fondé un collectif de gens, ceux qui croient dans les Ases. Par la loi, il est interdit d’aller et faire un travail de conversion. Nul ne devrait pouvoir imposer ses croyances aux autres. Ils viennent d’eux-mêmes s’ils le désirent.

G.G. : Quelle est la réaction des officiels à l’émergence de votre collectif ?

S.B. : Au début, ils ont été sceptiques. J’ai dû rencontrer le ministre de la justice qui est pour la liberté religieuse, et à qui j’ai expliqué nos buts. Chacun peut démarrer une religion, mais la reconnaissance comme Eglise d’Etat exige une permission du ministère.

G.G. : Il a été difficile d’obtenir cette permission spéciale ?

S.B. : Je connaissais le ministre de la justice. Auparavant, il était professeur de droit à l’Université de Reykjavik. Je lui ai rappelé certains jugements anciens pertinents où il avait lui-même interprété la loi relative à la religion de façon personnelle, il m’a semblé facile de faire appel à ceci. Ce que nous faisions était légal. C’est ainsi que je l’ai convaincu de reconnaître notre religion. J’ai dû ensuite demander une licence de pratique à la police et depuis nous avons les mêmes droits que l’Eglise.

G.G. : Quels sont ces droits ?

S.B. : Je peux légalement marier des couples, par exemple. En Islande, on ne peut pas se marier devant un juge. Le mariage prononcé dans notre collectif est légal.

G.G. : Combien de couples avez-vous marié ? Un avocat m’a expliqué qu'il pourrait y avoir des problèmes semblables en Allemagne.

S.B. : Environ 10 couples.

J’ai entendu parler d'un cas où un couple a pris ce mariage comme une sorte de comme plaisanterie. La mariée était d'âge légal et a découvert le jour suivant avec surprise que le mariage était légal. Elle a demandé une annulation parce qu'elle allait devoir renoncer à la moitié de ses biens. La chose n'était pas en fait une plaisanterie. Le couple s’est adressé au Parlement. Ils ont déclaré qu’ils n’étaient pas vraiment accordés l’un à l’autre, et voulaient que le parlement invalide leur mariage afin qu’ils n’aient pas à divorcer, mais le Parlement a refusé. Le mariage était valide et entièrement légal. Ils ont dû passer par un divorce juste comme tout autre couple.

G.G. : Comment l'église d'état a-t-elle réagi à cette légalisation ?

S.B. : Pendant l'audition le ministre de la justice a appelé l'évêque à témoigner. Naturellement, il était contre. L'évêque a également produit une circulaire officielle contre la légalisation de notre collectif. Mais le ministre l’a expurgé des comptes-rendus. Alors il a écrit un long article dans le journal, mais son éditeur réagissait plutôt favorablement à notre réveil de la vieille religion.

Au Parlement un membre du parti conservateur proposa également que notre religion ne soit pas légalisée. Il y eut une discussion mais l'opposition n’a pas pu la faire aboutir. Le ministre de la justice lui-même a parlé positivement de notre religion et a personnellement prit parti pour elle et pour nous.

G.G. : Appartient-il à votre mouvement ?

S.B. : Non, mais ici en Islande nous sommes si tolérants envers la pratique de différentes religions que nous sommes bien compris. Ils ont également essayé la même chose en Norvège mais cela n’a pas réussi.

G.G. : Combien de membres aviez-vous en mai 73 ?

S.B. : 40.

G.G. : Combien de membres avez-vous aujourd'hui (1986) ?

S.B. : Quatre-vingts membres inscrits. Mais un bien plus grand nombre assiste à nos réunions, aux blóts. Ils sont des amis de notre collectif et ils sont la majorité, et ils ne sont pas officiellement enregistrés. Les blóts sont nos fêtes, le vieux mot norrois pour ‘fête sacrificielle’.

G.G. : Vous faites encore des sacrifices à notre époque ?

S.B. : Nous ne savons pas exactement comment nos ancêtres ont organisé ces réunions, mais nous ne sacrifions pas. D'abord, quand nous nous réunissons, tout est béni et rendu saint.

G.G. : La fonction est-elle dirigée par un haut prêtre ?

S.B. : Il y a un Allherjarsgóði [= chef-goði], celui qui a le plus de pouvoir, ou mieux : ‘le plus respecté de tous’. Dans le passé, chaque région a eu son propre goði. Une fois par an, ils se sont réunis ensemble au à l’endroit du Þing. Ils ont tenu des fonctions sacerdotales et légales dans leur région. Après la christianisation de l'Islande, la fonction religieuse a été abandonnée. Le allherjarsgoði parlait pour sacraliser le Þing et le bénissait. C'est lui qui commence également nos réunions. Alors les sagas sont lues et on porte des toasts aux Dieux.

G.G. : Beaucoup ? [= On boit beaucoup ?]

S.B. : Symboliquement, avec une corne à boire. Nous préparons l’hydromel, et alors nous le buvons. Après ça, n'importe qui peut se lever et dire ce qu'il a à dire. Ici en Islande, les gens aiment également réciter de la poésie. Pour finir, des gens font la fête ensemble, ils mangent et boivent ensemble.

G.G. : Quels Dieux prie-t-on ?

S.B. : Principalement, Þórr (Thor). Il obtient les plus hauts éloges. En tant que Dieu, il est plus commun qu'Óðinn (Odin), plus amical avec les gens. Il est Dieu des fermes ; il rend la terre fertile avec son marteau ; il est Dieu de la force et de l’entraide.

G.G. : Y a-t-il les objets rituels sur l'autel pendant la cérémonie ?

S.B. : Nous avons une corne à boire et une petite statue de Þórr.

G.G. : En Allemagne cette religion s'appelle Odinisme. Quel rôle Óðinn joue-t-il dans votre religion ?

S.B. : N'importe qui peut prier aux dieux dans quelque façon qui lui plait. Óðinn représente la sagesse, l'imagination, et une grande connaissance.

G.G. : N'est-il pas également le Dieu des magiciens et des sorciers ?

S.B. : Ceci est une partie de sa connaissance, oui, absolument ! On parle et discute souvent des dieux selon leurs différentes fonctions.

G.G. : Mais le Dieu primordial est Óðinn, c.-à-d. masculin.

S.B. : Les déesses jouent un très grand rôle. Freyja, la déesse de la fertilité, est très importante. Elle est la contrepartie d’Óðinn. [le texte allemand dit : Gemahlin, l’épouse. Il doit s’agir d’une erreur de G. G.].

G.G. : Est-elle au même niveau ou lui est-elle subalterne ?

S.B. : Au même niveau. Il n'y a aucune différence.

G.G. : Quel rôle les femmes jouent-elles dans l’Ásatrú ?

S.B. : Quant aux membres inscrits maintenant il y a 80% d’hommes et 20% de femmes. C’est peut-être parce que les femmes sont moins désireuses d’aller voir un juge ou d'autres fonctionnaires. On doit quitter l'Eglise d'abord, et les femmes souvent n’aiment pas les formalités. Les visiteuses qui viennent aux blóts sont surtout des femmes. La société en Islande n’a jamais été très structurée patriarcalement. Les femmes ont toujours eu plus de droits et ont été toujours considérées comme des égales plus qu'elles ne l’étaient sur le continent.

G.G. : Qu’est-ce que le mot ‘sorcières’ signifie pour vous ?

S.B. : Pas une personne vivante ; le concept représente un type de puissance, un pouvoir magique.

G.G. : Quel genre de pouvoir ?

S.B. : Ce n’est pas très important de savoir de quel genre de pouvoir ou de force il s’agit. Il est seulement important qu’il se mélange à nos propres forces. Cela [la magie] arrive avec cette coordination. Ma propre énergie est renforcée par la force magique, quoi que je fasse. Les forces qui proviennent du contact étroit avec la nature étaient données aux gens dans le passé. Au cours des années, nous avons perdu ces capacités et avons essayé de la remplacer par de pseudo choses comme des voitures plus puissantes et de plus grandes maisons. Maintenant, nous savons que cette puissance est inhérente à nous et nous voulons la rétablir. C'est mon avis personnel. Mais, la plupart des membres de notre religion sont d’un avis similaire. Tous ceux qui cherchent sincèrement trouvent que c’est vrai. Nous devons être ouverts à la possibilité que nous pouvons aller plus loin avec notre âme. Ces capacités doivent être cultivées, nous n’avons pas le droit de l'ignorer encore. Si seulement la science avait reconnu cela, tout ce que nous pouvons faire avec nos têtes et notre compréhension, elle nous aurait conduits à ces possibilités et ces capacités.

G.G. : Bien que ce ne soit pas la question – comme vous dites, je voudrais parler un peu plus de cette connaissance magique.

S.B. : C'est la tâche spéciale de notre religion de reconstruire nos liens avec la Nature, avec toutes les puissances qui sont dans la nature, afin de les mieux comprendre. Là un arbre se s’élève ou un ruisseau s’écoule, et l'homme est seulement une partie du processus. Il doit se rendre compte qu'il est une partie du flot normal des choses. Les personnes âgées, comme celles que j'ai connues comme gosse, étaient sûrement des chrétiens, mais elles n'ont pas exagéré avec la chose chrétienne. Elles mélangé leur croyance dans le christianisme avec celle dans la nature. Elles ont senti qu'il y avait des elfes et d'autres êtres autour d'elles. Il y avait des rapports bien meilleurs entre l'homme et nature et entre les gens eux-mêmes.

G.G. : L’Islande bénéficie d’une situation un peu spéciale due partiellement à l'isolement de l'île et partiellement au mouvement politique pour proclamer une République indépendante depuis 1944.

S.B. : Oui, les avances techniques nous sont tombées dessus. Les machines, les voitures, les avions à réaction, les navires modernes, tout cela est arrivé à la fois en une seule génération. Nous ne sommes passés par aucun des développements modernes comme le reste des pays européens. Regardez, par exemple, la navigation. Pendant 1000 années l’homme a navigué. L'homme a eu besoin de milliers d'années pour apprendre la navigation. Et, soudainement, dans l'espace d'une génération sont venus les navires à vapeur, puis les bateaux à moteur, jusqu'aux sous-marins atomiques. C'était beaucoup trop rapide, et beaucoup trop en même temps. Cela ne peut pas vraiment être fait en une génération. De façon étonnante, l'homme s'est adapté rapidement à toutes ces nouvelles choses mais a simultanément perdu son rapport normal et intuitif avec la nature. Au lieu de cela, l'homme a créé un environnement mort. Il s'est construit un désert permanent.

G.G. : La nature se venge-t-elle parce qu'elle meurt et que l'homme a perdu son rapport avec elle ? Est-ce cela que votre réponse ?

S.B. : Oui, je peux bien me rappeler ce que les personnes âgées avaient l'habitude de me dire quand j’étais gosse : « Laisse l'arbre debout, laisse la mousse sur la roche, ne tue pas la mouche sur la fenêtre ! » La nature était une partie de nos vies en ce temps là. Après que la technologie et la science nous soient tombées dessus, nous devons attendre que l'âme revienne. L'humanité me semble comme quelqu'un qui est forcé de danser. Il y a un longtemps, j'ai vu des gens qui ont été forcées à danser et ne pouvaient cesser de danser jusqu'à ce qu'ils tombent, complètement épuisés, ou tombent morts. Le monde, avec toutes ses guerres, est ainsi aujourd'hui. Le monde se fait danser à mort et ne peut pas s'arrêter.

G.G. : Les gens de votre génération peuvent encore se rappeler ce temps. Dans ce cas, vous ici en avez plus facilement conscience que nous sur le continent.

S.B. : Oui, nous nous rappelons des temps précédant les avances techniques. Ces contacts plus étroits avec les temps anciens et un contact plus étroit avec la Nature, également notre passé culturel, tout cela nous a aidé à préparer le terrain pour notre croyance.

G.G. : Voulez-vous revenir au temps passé ?

S.B. : Non, je ne m'assieds pas avec mon groupe et dis, « maintenant que nous avons repris le système de croyances de notre passé, commençons à vivre comme nous le faisions dans le passé. » Je ne veux pas revenir en arrière dans le temps. Je dois vivre ma vie dans le présent. Nous ne pourrions pas ni nous voudrions éliminer les nouvelles technologies.

G.G. : Vous n'évitez pas de conduire des voitures ou de regarder la TV ?

S.B. : Non, nous devons apprendre à les utiliser. Ces choses ne devraient pas être la destruction du sens du bien-être que l'homme a développé jusqu’à maintenant. La Science doit s’équilibrer en nos vies. Nous ne nous sentons plus entiers. Dans ma jeunesse, j'éprouvais toujours ce même équilibre quand je vivais avec les Aînés. Ils ont conduit leurs vies afin de ne faire du mal à personne. Très peu nombreux sont ceux qui se conduisent encore de cette façon. Le pas rapide de la technologie a détruit tout ça.

G.G. : Vous essayez de mener les gens à ce ‘sens du bien-être’ ?

S.B. : C’est l'un de nos buts principaux.

G.G. : Quelles sont les autres ?

S.B. : De pouvoir vivre à notre époque avec ce sens du bien-être, et ne pas perdre l'équilibre.

G.G. : Croyez-vous que vous pouvez, par votre religion, apporter aux gens à un tel niveau de conscience qu'elles pourront cesser de danser ?

S.B. : Dans notre religion, je vois certainement un espoir. Nous touchons ici un point important. Vous m’avez demandé, au début, pourquoi la vieille religion est maintenant sortie de la clandestinité pour se montrer ouvertement. J'ai répondu que la raison était la crainte de la puissance de l'église. Mais, c'était également en raison de quelque chose d’autre aussi : la crainte de cette science qui a débuté au début de ce siècle. La crainte d’être ridiculisé si on admettait sa croyance aux elfes et aux  kobolds, qu’il y ait des fantômes et des revenants.

G.G. : Les gens peuvent-ils admettre ces croyances aujourd'hui ?

S.B. : Aujourd'hui, je pense, la science a été remise en question. Maintenant une personne peut admettre sa croyance à quelque chose qui ne peut pas être vu. Nous cessons finalement de prêter attention à l'avancement technologique seulement, nous pouvons voir exactement ce qui nous a saisis. Cela ne nous a pas apporté ce que nous avons espéré pendant les 50 dernières années.

G.G. : Voulez- vous créer une nouvelle société ?

S.B. : Pas de révolution. La Science nous a également fourni de bonnes choses, les médicaments, la connaissance des épidémies. Bien qu'avec elle nous ayons également causé une partie de la faim et de la famine dans le tiers monde. Maintenant nous essayons de prendre soin de notre côté spirituel, pour apprendre, pour rejeter notre besoin d'agression, pour désirer moins au lieu de désirer tout. Les gens peuvent apprendre à être moins agressifs les uns envers les autres, et à s’entraider au lieu de toujours s’opposer les uns aux autres.

G.G. : Pourquoi pensez-vous que votre religion réussira mieux que le christianisme avec son « aime ton prochain » ?

S.B. : Notre religion est plus en conformité avec la nature, plus étroitement attachée à l'harmonie naturelle. Le christianisme s'est officiellement opposé à cette harmonie. Par exemple, les bûchers de sorcières. Ceci ne permet aucun rapport normal, sans contrainte avec ces choses qui sont sans cesse autour de nous; au lieu de cela elle trace une ligne claire et stricte en face de nous. C’est ce contre quoi je suis.

G.G. : Comment pourrais-je, par votre religion, trouver cette harmonie ? Changera-t-elle ma vie quotidienne, si je pratique votre religion ?

S.B. : Tout deviendra plus facile. On se sent mieux. On se prend moins au sérieux quand quelque chose tourne mal. On apprend à prendre des choses comme elles sont, pour être responsable et pour faire meilleur usage de sa propre énergie. Il n'est pas possible d'être constamment ainsi. Pour faire ceci, on a besoin de calme.

G.G. : Après les cérémonies, les gens ont-il la sensation d’une énergie spéciale ?

S.B. : C'est non seulement les blóts, les fêtes officielles, mais également le fait de rencontrer des personnes de même tournure d’esprit. De là vient la force. On sent l'énergie positive des autres et cela renforce votre propre énergie. C’est comme des instruments accordés ensemble, une note simple ou un accord, une harmonie. Pour moi le rapport entre la Nature, l'histoire ancienne et la langue de l'Islande est également très important. Nous tâchons de parler un bel et bon langage islandais. Souvent nous disons en plaisantant que nous devrions parler la même belle langue qu'Óðinn.

G.G. : Pouvez-vous diriger cette énergie positive vers quelque chose en particulier ?

S.B. : Attention ! Je peux aider un autre avec l'énergie que je reçois, mais je veux dire cela dans un sens général parce que j'émets une sorte d’action positive autour de moi, pas dans le sens que je pourrais guérir quelqu'un ou quelque chose comme ça. Nous n’allons pas vers le spiritisme. Les gens doivent faire attention ne pas mélanger toutes ces choses et que ça devienne un potage ou un ragoût.

G.G. : Accepter les choses telles qu'elles sont, cela ressemble beaucoup à du fatalisme.

S.B. : Oui, un type de fatalisme, dans un sens. Je ne suis pas en bataille constante contre les choses mais, aussi, je ne fuis pas les problèmes.

G.G. : Mais, si vous n'aviez pas combattu votre religion jamais n'aurait été officiellement reconnue.

S.B. : Il est difficile de dire quelle méthode une personne devrait employer. Les gens doivent regarder en eux-mêmes pour décider ce qui arrive et où nous en sommes. Les gens doivent rendre cela parfaitement clair à ceux qui détiennent le pouvoir.

G.G. : Et faites-vous cela ?

S.B. : J'exprime ma position dans les journaux et d'autres publications. Quand tout le monde connaît tous les détails, alors nous sommes au point où nous pouvons exercer une certaine pression sur ceux qui ont le pouvoir, mais nous devons faire attention. Trop de pression peut bien faire le mal.

G.G. : Que pensez-vous du nouveau mouvement païen prenant place en Allemagne en ce moment ?

S.B. : S'ils vont dans la bonne direction, je pense que c'est bon. C'est en l'esprit de chacun que nous ne pouvons pas continuer aller de cette manière, détruisant l'environnement et la nature. Maintenant, nous devons dire d’arrêter, d’essayer de retrouver un rapport plus étroit avec la nature et nous reconnaître comme étant une partie de nature. Mais, les gens doivent s’engager dans cette nouvelle direction sans extrémisme, sans agression.

G.G. : Croyez-vous que votre nouvelle - vieille - religion se propagera ?

S.B. : Oui je le pense. Nous attendrons tranquillement et patiemment.

 

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