Réflexions sur l’homme perdu dans l’idée.
L’homme prisonnier de lui-même, n’est tout simplement pas lui-même.
- L’homme qui souffre fait obligatoirement souffrir. N’étant pas simplement heureux d’être, il ne peut comprendre avec son mental trouble ou confus la racine de son mal être. Tant que ce même homme accordera sa confiance dans l’idée illusoire de vouloir changer quoi que ce soit en lui et autour de lui selon des principes invalidants, réducteurs, séparatifs comme sélectifs, il ne fera rien d’autre qu’ajouter à son malheur comme à celui d’autrui.
- Toute expérience semble différente car chacune d’elle exprime une perception pleinement différente. Se référant sans cesse à son vécu, à ses projets, à ses désirs, à ses rejets, à ce qu’il désire, à ce qu’il fait, l’homme est en perpétuelle souffrance. Il souffre de l’idée qu’il se fait de lui-même, de l’idée qu’il entretient sur les autres et de sa volonté aveugle à devenir autrement. Ne cherchant pas réellement son origine tout en fermant les yeux sur les opportunités toujours offertes, il ne peut que tourner en rond jusqu’à épuisement, dans le monde incertain des habitudes, des contradictions et des frustrations.
- Vu dans le cercle mental, l’homme s’imagine en tous points qu’il est totalement différent d’un autre homme. Il se dit différent par ce qu’il pense voir, imagine ou fait. Il se dit différent par ce qu’il pense être, peut ou veut. Il se dit différent par ce qu’il vit, cherche et comprend personnellement.
- L’homme ne peut véritablement se comprendre ni comprendre les autres s’il ne se connaît pas lui-même au-delà des idées qu’il s’en fait. Ce qu’il croit connaître en tout et pour tout ne sont qu’idées enregistrées, des on-dit référentiels, des formulations et fabulations hypothétiques à son sujet, sur ce qu’il pourrait être ou devenir selon ou d’après. Ce qu’il pense de lui-même ou ce qu’il désire être n’est qu’adoption aveugles de croyances fallacieuses qui le poussent sans cesse dans ses retranchements, dans ses ornières mentales, dans ses opinions dualistes, le séparant évidemment de ce qu’il pourrait découvrir au-delà de toutes ces notions préconçues et mal perçues.
- L’homme souhaite être autre que lui-même au travers de ce qui n’est pas, ce qui bien entendu, ne peut être. Ne comprenant pas fondamentalement le sens de sa venue et de son rôle ici-bas, il est devenu orgueilleux, crédule et arrogant. L’homme asservi mentalement ne peut que rester dans l’incompréhension de sa nature véritable.
- L’homme ne peut s’accepter réellement ni se comprendre tel qu’il est, tant qu’il ne sait pas ce qu’il est, qui il est, à quoi il sert, d’où il vient et où il va. Ces interrogations basiques sont trop souvent cachées sous le manteau de la crédulité héréditaire, de la peur de l’inconnu et de l’ignorance de soi, trop souvent inculquée. Le manque de réponses sur son origine dirige ce même homme dans des voies sans issue, nourries de pensées inconciliables idéalisées qu’il se fait de lui-même, des autres et de son environnement naturel.
- Inconscient que tout est déjà Là, ici dans le maintenant, sans rien retrancher ni ajouter à ce qui est, l’homme se cherche là où il ne peut se trouver, s’évadant continuellement dans l’idée désuète et imaginative de ce qu’il veut continuellement se prouver.
- L’homme souffre de ce manque de compréhension intérieure, de connaissance de soi. Il vit la plupart du temps dans sa sphère psychologique, égomentale, phénomentale privée, limité par le moi-je-mien et les pensées restrictives entretenues, qui lui montrent autrui comme un banal étranger.
- L’homme qui entretient cette fausse perception de lui-même voit l’autre comme un ami furtif ou comme un ennemi selon ses humeurs du moment. Sa relation devenue superficielle, qu’un rapport intéressé, qu’un besoin à satisfaire, qu’un moyen pour imposer son monde égotique, l’empêche de connaître une autre version plus saine de lui-même.
- L’homme s’impose des tortures inimaginables pour essayer d’atteindre des buts tout aussi inimaginables ou insignifiants. Les valeurs contradictoires qui l’accompagnent dans son cheminement tortueux délirant, lui font croire à la supériorité comme à l’infériorité, à la responsabilité individualiste et à la culpabilité, à la possibilité de changer son état d’esprit tout en gardant ses acquis, son savoir, ses croyances désuètes. Il se leurre tout en leurrant son entourage, il se ment comme il ment à tous.
- Tout ce que l’homme accomplit dans le monde des phénomènes dans lequel il se pense vivre n’est en fin de compte qu’une gageure car au fond de lui-même rien ne change véritablement. Son esprit reste prisonnier de la convoitise et de la répulsion, prisonnier de l’attente et de l’ambition, prisonnier du besoin d’être vu et reconnu comme entité extraordinaire digne de respectabilité. Même si ce qu’il entreprend paraît révolutionnaire et novateur aux yeux de ses semblables, il préconise bien trop souvent sous les masques de la bienséance et de la bienfaisance, la gratification intéressée ou la glorification de soi.
- L’homme ne peut réellement changer sa façon d’être ni sa façon de voir tant qu’il reste juge et méfiant de ce qu’il ne comprend pas, de ce qu’il ne connaît pas, évaluant à brûle-pourpoint des notions insanes de différences comme des valorisations de moindres intérêts. L’inconscience et l’ignorance font de l’homme un rustre, un avatar vaniteux qui ramène tout à lui comme si tout lui était dû.
- L’homme a totalement perdu le sens du partage sans intention, du service désintéressé, de l’entraide d’amour véritable. Il a perdu son innocence naturelle dans les apparences trompeuses et sa simplicité d’être dans la complexité d’une vie houleuse et sécuritaire. L’homme est aigri de se mal vivre, il se frustre constamment et son mécontentement grandit au fur et à mesure de son entêtement.
- L’homme fier de lui-même et de sa dite réussite se dit être autonome, indépendant. En vérité, il est pauvre et addictif. Il dépend entièrement de son obsession à vouloir devenir plus que ce qu’il est. Il dépend de ses peurs et de ses croyances comme de ses références étriquées et sans fondements qui l’entraînent sans fin dans les ornières mentales dualistes. Il dépend de l’obsession à avoir plus comme à celle de faire mieux. Il dépend du plus ou du moins, du supérieur et de l’inférieur comme de projections utopiques qui le conduisent à la folle espérance de changer le monde selon des principes limitatifs, élitistes et imparfaits pour un soi-disant vivre heureux.
- L’homme n’est vraiment pas heureux de vivre même s’il soutient souvent le contraire. Il pense constamment qu’il détient le pouvoir magique de modifier selon sa propre volonté, qui ou quoi que ce soit dans son monde de rêves absurdes et de cauchemars traumatiques. Il croit que l’aide qu’il prodigue autour de lui est digne de respect mais ce qu’il ne sait pas ou ne saisit pas intérieurement, c’est que son aide est tellement fugace, préméditée ou intéressée, qu’il est lui-même contraint et soumis constamment à la supplique.
- L’homme qui ne se connaît pas cherche toujours un « petit quelque chose de gratifiant » qui lui offrirait un plus dans sa vie monotone et répétitive. Il désire avoir une plus grande intelligence, une plus grande force, un plus grand pouvoir, être plus fortuné que ses semblables, avoir une plus belle vie, jusqu’à une mort plus douce. L’homme se détourne constamment de sa simplicité d’être pour la substituer d’idéologies insignifiantes en tous genres à son sujet qui lui permettraient une aptitude plus honorable pour affronter et dépasser la situation chaotique dans laquelle toujours, il se trouve.
- Certains hommes pris dans les rouages du mental, tenteront de prouver par A+B, que leur propre situation comme leur propre vie est plus attrayante, bien meilleure que celle de Mr Untel ou alors au contraire, que Mr Untel à plus de chance qu’eux. Dans tous les cas proposés dans cet univers psychique engluant, l’homme qui compare, juge, pèse, jalouse, restreignant ou ennoblissant ainsi l’autre à la mesure de ses ambitions et imaginations saugrenues, reste toujours vil, ilote et malheureux.
- L’homme pense qu’il a le choix de faire, le choix de vivre ou de décider intellectuellement ce qu’il veut, confortant ainsi ce qu’il croit être son propre libre arbitre. S’il en était ainsi et vu le monde chaotique et stupide dans lequel il s’étouffe, s’enlise, se meurt, je pense que s’il avait un véritable choix sur le sujet, ce serait tout simplement de ne pas être là.
- L’homme est devenu tout bonnement aveugle et sourd à ce qui est toujours Là, ici dans le maintenant. Ce qu’il imagine dans sa bulle privée n’existe tout simplement pas. Ce ne sont que des rêves de grandeur ou de petitesse, de pouvoir ou de faiblesse, de beau ou de laid, de bon ou de mauvais, de mieux ou de pire. Son regard presque éteint, sépare et dissèque duellement tout ce qu’il côtoie.
- Se pensant seul et unique par ses interprétations égoïstes nébuleuses, l’homme entretient l’idée que ce qu’il perçoit est justifiable, vrai, que la vie est ainsi faite, que chacun ne vit que pour soi. Que celui qui ose s’introduire furtivement dans son espace vital n’est qu’un symbole positif ou négatif à sa raison d’être, qu’un pion de plus dans son jeu individualiste mesquin. L’homme est enfermé dans sa boite crânienne et totalement fermé à Ce qui Est. Sa vision est réduite à sa chair, à son petit moi, à sa tête, à son sexe, à ce qu’il croit, à ce qu’il fait, à son désir d’avoir comme à sa peur maladive de perdre ce qu’il pense être sien.
- En définitive, l’homme prisonnier d’un lui-même qui n’existe pas, est un meurtrier en puissance. Il est un Attila, quand il ne reconnaît pas qu’il vit sous la gouverne malsaine de l’ego. Son esprit hypnotisé par sa dictature insane est devenu un tueur, un violeur d’espace, il détruit pratiquement tout ce qu’il touche comme tout ce qui l’empêche de parcourir son délire. L’autre pour lui est simplement un gêneur, celui qui ne correspond pas à sa silhouette, au serviteur modèle ou à l’ami parfait. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que tous ses gestes violents et vengeurs se retournent obligatoirement sur lui-même tel un boomerang lancé sans la bonne intention. En massacrant son semblable extérieurement, il ne fait rien d’autre que de s’occire intérieurement.
- L’homme détient le pouvoir de construire comme celui de détruire mais son véritable pouvoir réside à faire la différence entre ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. La différence entre ce qui élève et ce qui avilit. La différence entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. La différence entre l’artificiel et le naturel, entre le vrai et le faux...
Pour saisir cela et redresser sa propre vision, il est avant tout nécessaire que cet homme s’arrête juste un instant et se souvienne lucidement de sa petite enfance, de ces moments précieux où son innocence prenait le pas sur tout le reste. Qu’il se souvienne de ces moments-clés quand son regard s’émerveillait au moindre frémissement de la feuille d’un arbre ou de la forme d’un petit caillou. Qu’il se rappelle de ces moments vivants où son sourire joyeux, libre et spontané l’accompagnait naturellement dans tout ce qui le menait à la simple découverte comme à la vie réelle sans artifices.
Réflexions sur l’homme qui s’est retrouvé au-delà de l’idée.
L’homme libéré de l’idée d’un lui-même, est tout simplement lui-même.
- L’homme est un Prince Divin. Il est l’héritier de facultés ingénieuses et spirituelles qui peuvent lui permettre de Voir simplement ce qui se passe en lui et autour de lui sans le moindre effort. Il est doté d’une intelligence remarquable pour reconnaître sans aucune crainte ni aucune difficulté ce qu’il n’est pas ni ce qu’il croit être de façon à se connaître tel qu’il est réellement.
- L’homme qui arrête le temps en lui-même, le prend sainement pour mieux se connaître. Il comprend que le temps et l’espace sont au service de sa propre reconnaissance et commence un travail sur soi, en soi afin d’explorer le monde des invalidations et les obstacles qui lui barrent la route vers une juste rencontre de se vraie nature.
- L’homme qui admet avoir tout faux sur ce qu’il pensait être vrai, se remet totalement en question. Reconnaissant ses erreurs de parcours qu’il sait nécessaires pour se découvrir autrement, il comprend son aptitude innée à la correction. Etant mieux à l’écoute de son intériorité, c’est avec confiance et sérénité qu’il évincera ses déviances et désappointements.
- L’homme qui découvre la ronde infernale d’un mental illusionné détient la capacité lumineuse d’en sortir sans rien rejeter ni détruire pour autant. Au fur et à mesure de son avancée studieuse et présente dans les bas fonds de son être vers les racines entremêlées, c’est avec patience et courage qu’il les dénouera tout en se délivrant.
- L’homme qui arrive sciemment à la fondation même de l’existence duelle et inconsciente où sont combinées et agglutinées toutes les conceptualisations plus ou moins violentes, plus ou moins valorisantes, se sait armer de la flamme salutaire qui réconcilie et rédempte.
- L’homme qui émerge lucidement du marasme nauséabond dans lequel chacun se meurt d’épuisement par égarement et stupidité, se réveille doucement à l’Unité Organique comme à la Réalité Universelle. Devenu simple témoin participant et canal libre de la Lumière Vivante, il relie par sa vie confiée tout ce qui est, puis se donne sans compter à tous ceux et celles qui en font la juste demande.
- L’homme qui accueille pleinement la vie telle qu’elle se présente, reconnaît en toute simplicité que le bonheur tant recherché n’est rien d’autre que de vivre et laisser vivre, que d’aimer et être aimé, que d’être heureux pour rendre heureux et que Cela ne se peut vraiment que dans l’Ici et Maintenant, là où il est, tel qu'il est.
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