Le monophysisme (de "monos" = unique, et "phusis" = nature) ou monophysitisme soutient que le Christ ne possédait qu'une seule nature : la nature divine.
Il refuse que Jésus, consubstantiel à Dieu selon la nature divine, ait été consubstantiel aux hommes selon la nature humaine.

 

Formes du monophysisme

Le monophysisme a diverses formes :

 

Chronologie historique

Eutychès ou Eutukhès (378-454) vit dans un monastère près de Constantinople pendant soixante-dix ans et est archimandrite (abbé) pendant trente ans.
Comme chef de la communauté monastique et proche de l'empereur Théodose II, il est l'allié de Cyrille, patriarche d'Alexandrie, dans sa lutte contre Nestorius, lequel prône la double nature, humaine et divine, du Christ.

Les apollinaristes rejoignent ces monophysites qui considèrent que le Christ avait une volonté divine et non humaine.

Partisan du monophysisme et mis en accusation par Eusèbe de Dorylée, Eutychès est condamné par le synode de Constantinople en 448 et déposé par Flavien, patriarche de Constantinople [le pape Léon Ier a adressé à Flavien une lettre qui expose avec netteté et fermeté le dogme des deux natures dans l’unique personne du Christ].
Le pape ratifie la condamnation ; Eutychès fait appel au concile œcuménique.

Dioscore, successeur de Cyrille, convoque avec Théodose II, à Ephèse, en 449, un concile œcuménique qui s’ouvre le 8 août.
Dioscore fait condamner les « deux natures » et déposer Flavien de Constantinople et Eusèbe de Dorylée qui a dénoncé Eutychès. Eutychès est rétabli.
L’intervention de la police impériale ajoute encore au trouble ; Flavien est brutalisé (envoyé en exil, il meurt en cours de route).
Sous la menace, les évêques présents souscrivent à la déposition de Flavien et d’Eusèbe.
Le 22 août, une seconde séance dépose Théodoret de Cyr, Ibas d’Édesse et d’autres, qui sont suspects de nestorianisme.
Le pape Léon Ier qualifie de "brigandage" (latrocinium) ce scandaleux concile.

Après la mort de Théodose en 450, l'impératrice Pulchérie et l'empereur Marcien, partisans de la doctrine des deux natures, à la requête de Léon Ier convoquent à Chalcédoine, en 451, un concile œcuménique auquel le pape sait imposer l’autorité de sa lettre à Flavien que les évêques acceptent avec enthousiasme ("Pierre a parlé par Léon !"), et qui sert de base à la définition du 22 octobre 451 : le Christ, à la fois vrai Dieu et homme véritable, est néanmoins "une seule personne en deux natures unies sans mélange et sans confusion, sans division ni séparation", les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule personne.
Le concile confirme la condamnation d'Eutychès lequel continue néanmoins à lutter contre la doctrine des deux natures jusqu'à sa mort en 454.
En 456, à l'instigation du patriarche de Jérusalem, les Samaritains massacrent les moines monophysites de Nablus (Naplouse).
En 476, Basiliscus (475-476) qui a usurpé le trône impérial, se prononce contre les Pères de Chalcédoine.

Le monophysisme se développe, notamment dans l'Église copte et parmi les disciples d'Eutychès (d’où son nom d'"eutychianisme").

Le pape Félix III (483-492) rejette en 484, l'Hénotique, édit d'union publié par l'empereur Zénon (474-491) pour concilier les catholiques et les eutychéens, et lance l’anathème contre le patriarche de Constantinople, Acace, pour atteinte au dogme défini à Chalcédoine : c'est le premier schisme entre les deux Eglises.

Le 3 mai 495, à Rome, un synode des évêques soutient le pape Gélase Ier qui refuse que l'empereur Anastase Ier le Silenciaire (+ 518) établisse le monophysisme.

Gélase excommunie Euphémius, le patriarche de Constantinople, qui n'a pas voulu rayer des diptyques le nom de son prédécesseur, Acace, excommunié par décret romain.

Le pape Hormisdas (514-523) lutte contre l'empereur Anastase pour faire disparaître la secte des eutychéens. Il parvient à faire cesser le schisme qui séparait les deux Eglises depuis la condamnation d'Acace.

En 519, l’empereur Justin Ier et le patriarche de Constantinople Jean, acceptent la profession de foi du pape Hormisdas (le Formulaire d'Hormisdas).


Pape Hormisdas


Le pape Félix IV (III), 526-530, soutient Théodose le Cénobiarque, l'archimandrite des monastères palestiniens cénobitiques, dans son opposition au monophysisme 1.

En 534, le pape Jean II recueille la profession de foi orthodoxe de Justinien Ier le Grand (527-565) et adopte, à la demande de cet empereur, la fameuse proposition "Unus de Trinitate passus est in carne", qui avait été repoussée par le pape Hormisdas.

Le pape Agapet Ier (535-536) dépose et anathématise Anthime, évêque de Trébizonde, monté illégalement sur le siège de Constantinople et entaché des doctrines d'Eutychès et de Sévère.

En 537, l’impératrice Théodora, dont les convictions monophysites sont notoires, fait remplacer le pape Silvère (qu'elle envoie mourir en exil) par Vigile, dans l’espoir qu’il sera moins intransigeant.

En 552, Apollinaire, patriarche d’Alexandrie, rétablit le catholicisme par une répression sanglante ; les monophysites survivants seront à l'origine de l’Eglise melkite.

Excommuniés et rejetant la prétention de l’État byzantin à imposer l’orthodoxie, les monophysites se séparent de la "grande" Église, mais ils se querellent au sujet de l'incorruptibilité du corps du Christ. Certains rejoignent le sabellianisme, d’autres le docétisme ou le panthéisme.

L’Eglise et l’Empire affrontent, affaiblis, la conquête musulmane ; néanmoins, les monophysites, constitués en Eglise séparée, subsistent sous la protection des califes.

Le concile œcuménique de Constantinople (680-681) condamne formellement le monophysisme ainsi que la doctrine monothélite de l'empereur Héraclius Ier (le Christ a deux natures mais une seule volonté) et affirme la double volonté dans la personne du Christ (le Christ possède une volonté divine et une volonté humaine).

Les Églises monophysites ou "non-chalcédoniennes (c’est-à-dire opposées à la définition de la nature du Christ donnée par le concile de Chalcédoine en 451) sont principalement l’Église arménienne, l’Église copte d’Égypte, l’Église copte d’Éthiopie, l’Église syrienne-occidentale ou syriaque (jacobite) et l’Église syrienne ou malankare de l’Inde du Sud.

 

Citations

La religion des Abyssiniens forme, avec les Eglises des coptes ou chrétiens d'Egypte, une des branches du monophysisme.
(Louis Nicolas Bescherelle 1802-1883)

L'emploi de mots grecs est très sensible chez les écrivains monophysites.
(Renan 1823-1892)

 

Note

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9lix_IV

Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : Compilhistoire