« ...et si vous savez pourquoi les Egyptiens avaient divinisé le chat, vous n'auriez plus lieu de douter du sujet qu'il vous faut choisir ; son nom vulgaire vous sera nettement connu. »
Fulcanelli, Le mystère des Cathédrales, édit. 1964, p. 197
Les couleurs fondamentales de l'Oeuvre se retrouvent à travers contes et légendes et parfois étrangement à propos du même animal qui, selon la teinte de son pelage, symbolise de façon précise telle ou telle partie du Grand Oeuvre.
Ainsi en est-il pour le chat, notre petit félin domestiqué qui, lorsqu'il revêt la couleur du temps [1], symbolise la materia prima des alchimistes. Cette couleur bleu sombre, d'ailleurs, représente au sens divin la vérité éternelle tout autant qu'au sens sacré l'initiation.
Ainsi rencontre-t-on fréquemment le chat noir à la lecture des contes hermétiques et des chansons populaires : « Je cherche fortune tout autour du chat noir... » par exemple.
Toujours à ce propos il est bon de signaler que le chat des Chartreux, introduit en Europe par les moines de l'Ordre des Chartreux fondé par saint Bruno en 1084, arbore justement un pelage gris cendré, bleuâtre tirant sur le noir. D'ailleurs il est aisé de remarquer sur les bouteilles de chartreuse, liqueur aromatique tant appréciable, le globe crucifère, symbole éclatant de la matière première. De plus la racine CHAR incorporée dans le mot CHARtreux, équivalente aux autres raines mères CAL, CHAL, GAL, GAR, est employée pour désigner : « l'abîme du commencement du monde », nous déclare Laurence Talbot dans son article intitulé : « Pièce pour le dossier de l'ATLANTIDE » et paru dans le numéro 265 d'Atlantis, consacré à la cabale occidentale.
Or cet « abîme » n'est rien d'autre que le chaos primordial : notre materia prima que la racine CHAR désigne.
Nonobstant l'acceptation que nous venons de donner, il n'en faudrait pas pour autant conclure que la poudre des Chartreux, ou mélange de stibine (sulfure d'antimoine) et de pyroantimoniate de sodium présente quelque analogie avec le sujet des Sages, notre matière.
Fulcanelli ne nous déclare-t-il pas de manière péremptoire dans son chapitre des Demeures Philosophales consacré à Louis d'Estissac [2] : « quant à la stibine minérale, elle ne possède aucune des qualités requises t, de quelque manière qu'on veuille la traiter, on n'en obtiendra jamais ni le dissolvant secret, ni le mercure philosophique ».
En effet, il est certain que le chercheur, en ce domaine plus qu'en tout autre, doit se garder de conclure trop hâtivement car le danger est grand et l'exégèse des adeptes souvent envieuse.
Mais si notre chat noir, ici, incarne la matière tant recherchée par les souffleurs, de même le chat roux symbolise l'autre grand inconnu de l'Oeuvre, le feu secret. Car enfin, si l'Esprit qui pénètre la matière et la vivifie plus ou moins selon l'aspect ou l'air qu'il revêt au moment opportun, représente à lui seul la Lumière (la blancheur), cette dernière n'est contrainte de vivifier la matière que par l'Amour Divin dont le symbole essentiel est le feu, c'est-à-dire le rouge.
Il ne faut pas oublier que le Maître Chat ou le Chat Botté de Charles Perrault prodigue des soins constants à son maître le Marquis de CARabas (la matière). Celui-ci n'aurait d'ailleurs jamais pu acquérir autant de richesses à la fin du conte sans l'ingéniosité de son fidèle compagnon.
Le chat roux : symbole vivant et étincelant du feu secret figure d'ailleurs en bonne place sur le remarquable tableau exécuté par Jean Stradano pour le laboratoire alchimique de François 1er de Médicis, à Florence[3].
Que notre propos ne nous laisse pourtant pas oublier que le sel des philosophes, loin de se contenter de cette couleur rouge, revêtira successivement, au cours de l'élaboration au fourneau, les différentes couleurs du spectre.
D'ailleurs aux temps anciens, ne le surnommait-on pas, avec raison, la Caméléon[4]...
Patrick Rivière
[1] Celle de la première robe de Peau d'Âne
[2] Les Demeures Philosophales, tome 1, édition 1973, p ; 399.
[3] Se trouvant dans L'Achimie expliquée sur ses textes classiques, d'Eugène Canseliet, planche XVII.
[4] Les demeures Philosophales, tome 1, p ; 249.
Source : Atlantis n°283 (48è année, mai juin 1975)
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