Dès le début du mois, on dispose dans la maison un calendrier de l'Avent, constitué de petites fenêtres correspondant à chaque jour séparant le 1er décembre du jour de Noël. Cette pratique, d'origine allemande, existe depuis le milieu du XXè siècle. C'est également durant cette période de l'Avent que l'on décore la maison : sapin, guirlandes, couronnes disposées sur la porte d'entrée, branches de houx et de gui, rubans, pommes de pin. Rien n'est trop beau pour évoquer l'« esprit de Noël ».

C'est en Europe du Nord qu'est née la tradition de l'arbre de Noël. En Allemagne et en Russie, les sapins sont considérés comme « les rois de la forêt », car ce sont eux qui abritent les maisons des elfes. C'est pourquoi il ne faut pas les déraciner mais les couper à la base du tronc ; ainsi, ils pourront repousser normalement et les elfes conserveront leur demeure.

L'origine du sapin de Noël remonte à la fin du VIIè siècle, en Allemagne. Saint Boniface fit abattre un chêne pour prouver aux druides germains que cet arbre n'avait aucun caractère sacré. En tombant, l'arbre écrasa tout ce qui se trouvait aux alentours, à l'exception d'un petit sapin. Saint Boniface vit là un miracle et déclara que, désormais, cet arbre serait associé à la Nativité de Jésus.

Au XVIè siècle, on commença à décorer les sapins au moment de Noël. Le fait d'illuminer le sapin correspond à une pratique scandinave qui voit là un symbole de permanence et de renouveau de la Lumière, à l'époque où les nuits sont les plus longues. Mais attention ! L'arbre de Noël doit impérativement être enlevé de la maison et brûlé avant l'Epiphanie. Sinon, on prend le risque d'attirer un deuil sur la famille.

La coutume consistant à suspendre des boules de gui au plafond à l'époque de Noël remonte aux Celtes, qui vénéraient cette plante parasite aux feuilles toujours vertes, s'accrochant aux branches des arbres, et dont les boules blanches, fleurissant en hiver, rappellent des rivières de perles. Au moment du solstice d'hiver, les druides gaulois montaient sur les arbres pour couper le gui sacré à l'aide de leur serpe d'or. Il s'agissait là d'une cérémonie liée au culte du dieu solaire Bélénos, qu'ils accompagnaient d'une formule aujourd'hui bien connue : « Au gui l'an neuf ! »

 

Sainte Barbe : 4 décembre

Barbe, ou Barbara, sainte du IIIè siècle martyrisée à Nicodémie, en Asie Mineure, est la patronne de ceux qui travaillent avec le feu ou côtoient la foudre. Elle est ainsi invoquée par les artificiers, mais aussi les pompiers, les « soldats du feu ». Du fait de son nom, évoquant un attribut pileux des plus virils, Barbe est également la patronne des fabricants de brosses. Les cloches que l'on actionne pour éloigner la foudre sont également appelées « sainte Barbe ».

En Provence, il est d'usage de mettre du blé à germer dans une coupelle le jour de la Sainte-Barbe. Si à Noël le blé a germé et que la verdure est belle, c'est le signe que les moissons seront fructueuses.

En Alsace, les jeunes filles placent une branche de pommier ou de cerisier dans un vase le jour de la Sainte-Barbe. Si la branche a fleuri à Noël, c'est le signe qu'elles feront une heureuse rencontre et auront un mariage heureux.

 

Saint Nicolas : 6 décembre

Le véritable Père Noël, c'est lui : saint Nicolas, ou Santa Claus, dont la célébration le 6 décembre est encore largement fêté dans les pays rhénan et dans l'est de la France, notamment en Alsace.

À l'origine, saint Nicolas est un évêque du IVè siècle, qui vécut à Myre, en Asie mineure. Mais le saint Nicolas de la légende a été associé à des événements miraculeux ; ainsi, une chanson raconte comment il a ressuscité trois enfants qu'un méchant boucher avait mis au saloir. Comme son homologue de Noël, saint Nicolas apporte des cadeaux aux enfants sages, juché sur un cheval blanc, mais il ne vient pas seul. Il est accompagné d'un croquemitaine chargé de fouetter et fesser les enfants désobéissants. Ce croquemitaine de Noël à plusieurs noms : Ruprecht, Pierre le Noir, Hans Trapp ou le Père Fouettard. C'est le nom hollandais de la Saint-Nicolas, Sinterklaas, qui, lors de l'immigration hollandaise aux Etats-Unis, a donné Santa Claus, le Père Noël anglo-saxon.

 

Sainte Lucie : 13 décembre

Originaire de Syracuse, sainte Lucie vécut en Sicile au IVè siècle. Sa fête, le 13 décembre, se situe à mi-chemin du parcours de l'Avent, douze jours avant la fête de Noël. Elle symbolise donc une fête de la Lumière – Lucie venant du latin lux, « lumière ». Cette fête est très populaire en Suède et en Norvège. On déguste de petits gâteaux en forme d'étoile au coin du feu.

Le matin du 13 décembre, une jeune fille est choisie dans chaque famille pour incarner la sainte. Vêtue d'une robe blanche, retenue à la taille par une ceinture rouge, coiffée d'une couronne garnie de bougies, elle apporte sur un plateau des brioches au safran, des gâteaux au gingembre et un vin épicé nommé glögg dont toute la famille va se régaler. Cette sainte Lucie peut également être accompagnée par des demoiselles et garçons d'honneur qui chantent avec elle des chants traditionnels.

 

La bûche de Noël : 24 décembre

Dans de nombreuses régions, il est de tradition de placer une bûche dans le foyer de la cheminée le soir de Noël, en mémoire de la Nativité de Jésus. Le bois choisi est un hêtre, un ormeau, un chêne ou un arbre fruitier. La bûche doit brûler au moins jusqu'à la fin de la messe de Noël, apportant ainsi la bénédiction sur la maison et ses occupants. C'est pourquoi il est courant de laisser quelqu'un veiller sur elle durant la messe, afin d'éviter que le Diable ne vienne l'éteindre.

Avant de la placer dans l'âtre, le chef de famille baptise la bûche en y jetant du sel, symbole d'incorruptibilité, ou de l'eau, voire de l'eau bénite. En Provence, il s'agit du calignaou, grosse souche d'olivier sur laquelle le plus jeune garçon de la famille fait trois libations de vin en prononçant des paroles rituelles destinées à attirer le bonheur sur la maisonnée :

« Soyons joyeux, Dieu nous rend joyeux. Le feu caché vient, tout bien vient. Et l'an prochain, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. »

Les cendres provenant de la bûche de Noël ont également un grand pouvoir de protection. Conservées dans un linge blanc, elles évitent les accidents, tandis que posées sur le toit, elles éloignent les sorcières.

 

L'hiver

Avant d'être une fête chrétienne, Noël était une célébration païenne correspondant au solstice d'hiver, au moment où les nuits sont si longues, surtout dans le nord de l'Europe, que les humains ont peur que le Soleil disparaisse à tout jamais. Sous Aurélien, les Romains du IIIè siècle proclamaient le Sol invictus, le « Soleil invaincu », à la date du 25 décembre, qui correspondait alors au solstice d'hiver dans le calendrier julien. C'était le Dies Natalis Solis, le « jour de naissance du Soleil », christianisé plus tard sous le nom de Natale, « Noël ». À l'occasion des saturnales, en l'honneur du dieu Saturne, les Romains de l'Antiquité décoraient déjà leurs maisons avec des branches de sapin et des feuilles de houx. Un jour était consacré aux enfants, le Dies Juvenalis, à qui l'on offrait des présents. Mais ils étaient ensuite sacrifiés sur l'autel du dieu Saturne, qui avait lui-même dévoré ses rejetons ! C'est également lors du solstice d'hiver que l'on se livrait à des cultes sanglants et à des sacrifices en l'honneur de la divinité solaire iranienne Mithra.

Dans le Grand Nord, Noël se désigne encore sous son ancien nom, « Jule ». Les Anciens avaient coutume de faire des offrandes aux elfes des bois en accrochant des chandelles et des victuailles dans les branches des sapins. On tressait ensuite une roue composée de branches de sapins à laquelle on boutait le feu, symbolisant ainsi la roue solaire. Sur ce brasier, on cuisait rituellement un sanglier que l'on se partageait ensuite, en plein air, à la lueur des torches enflammées. Dans les pays du Nord, on sert aujourd'hui encore la Julegroden, la bouillie de Noël, dont on a soin de réserver une portion au nisse, le lutin du foyer. On laisse la porte ouverte toute la nuit afin que la fée Huedren, la femme des bois, vienne elle aussi se restaurer.

C'est aussi durant cette sombre nuit que le Jule tomte, ou « lutin de Noël » en Suède, s'en va au-delà de l'horizon à la recherche du Soleil nouveau. Il en revient avec de petites branches de houx, symbolisant la lumière nouvelle, qu'il offre aux humains pour leur redonner vie et espoir. Ce lutin porteur de lumière, coiffé d'un bonnet rouge et affublé d'une longue barbe blanche, est en quelque sorte un ancêtre du Père Noël...

Avec ses feuilles d'un joli vert luisant et ses baies rouges qui fleurissent en hiver, le houx est une plante associée au solstice d'hiver et à Noël. Il symbolise le renouveau de la lumière à venir au cœur des ténèbres et le retour prochain du Soleil. Il représente le principe de vie, la fertilité et la vie éternelle. Les druides décoraient leurs habitations avec ces plantes sacrées pour que les fées et les elfes viennent y faire leur nid. Cette coutume se perpétue de nos jours à Noël, lorsqu'on décore sa maison avec des branches de houx. En Angleterre, les branches de houx abritent des fées et des elfes qui protègent la maison contre les agissements malicieux des hobgoblins et autres lutins mal intentionnés. Le fait d'accrocher une couronne de houx à la porte d'entrée permet ainsi d'éloigner les esprits malins au moment du Nouvel An. Enfin, le verbe « houspiller » est un souvenir du temps où l'on fabriquait des fouets en branches de houx, dont on se servait pour corriger les enfants peu sages.

En Bretagne, la nuit de Noël est également appelée la « nuit des merveilles », car mille sortilèges se produisent. Les animaux se mettent à parler, les trésors enfouis sortent de leurs cachettes et l'Ankou, messager de la mort, désigne de son index squelettique ceux qui vont mourir dans le courant de l'année. En chemin pour se rendre à l'église, les fidèles risquent de croiser le Diable à chaque carrefour, qui leur offrira la fortune en échange de leur âme. La même nuit, les dolmens s'entrouvrent pour révéler les trésors maudits qu'ils abritent, tandis que les menhirs s'en vont boire dans l'océan entre le premier et le douzième coup de minuit. Les sorcières courent nus pieds dans les bois pour cueillir l'herbe d'or. Dans la baie des Trépassés résonnent les chants lugubres des âmes en peine chargées sur le bateau des morts.

Les pays d'Europe du Nord redoutaient également la sombre période des douze jours séparant Noël de l'Epiphanie. C'est durant cette période que la chasse sauvage du dieu Odin parcourait le Ciel, entraînant à sa suite sorcières et revenants. Ces chasses fantastiques étaient conduites par un géant borgne – en référence au dieu Odin –, un Grand Veneur ou un chasseur maudit.

 

Le réveillon de la Saint-Sylvestre : 31 décembre

La coutume hivernale consistant à « réveillonner » – le réveillon de Noël étant suivi de près par celui de la Saint-Sylvestre – est ancienne. Au moment où les nuits sont longues, il est de tradition de se réunir en famille (pour Noël) ou entre amis (pour la Saint-Sylvestre) afin de partager de longs repas comprenant de la nourriture en abondance.

L'antiquité romaine connaissait déjà les banquets des saturnales, fêtées autour du 17 décembre, ainsi que les calendes de janvier, qui rassemblaient maîtres et esclaves. Plus les mets étaient nombreux, plus l'année promettait d'être riche et abondante. Le choix de Sylvestre comme saint du dernier jour de l'année est sans doute moins lié à la vie de ce saint qu'à son nom qui évoque la forêt.

Jadis, on se contentait de crêpes, de gaufres, de châtaignes rôties ou de gâteaux au fromage. Au XVIè siècle, le réveillon était un petit repas de nuit fait en bonne compagnie.

L'usage veut que « réveillon » dérive de « veille », mais il peut aussi avoir pour origine le mot latin rebellare, qui signifie « se livrer à de vifs ébats ». Aujourd'hui, ces ébats se manifestent à minuit précis : on s'embrasse sous le gui et l'on se souhaite de bruyants « Bonne année ! Bonne année ! »

Textes extraits de l'Agenda Merveilleux 2010, Edouard Brasey